07/06/2013

Clément Méric

Clément, j’aurais aimé te connaître
avant, au lieu de découvrir
ton doux visage
sur cette photo en noir et blanc
quand déjà

j’aurais aimé être ton ami
avant que la bête ne te frappe
toi le frêle, le délicat
qui voulais et n’as pas pu
changer le monde à temps.

Tu connaissais le monstre hideux
aux soixante millions de morts
tu militais contre l’oubli
tu criais aux ignares qu’il est encore ici.
Hier tu l’as rencontré

dans les rues mêmes de Paris
comme trop souvent en France
de plus en plus souvent
dans cette Europe moisie.
Rien n’y fait, Clément

tout recommence et tu l’as payé
de ta vie. Faut dire que
la vie des doux rêveurs ne compte
pas grand-chose, le monde
se vautre dans son immense laideur.

J’aurais tant aimé, Clément
être ton ami, ton camarade avant
que le rouge sang n’envahisse pour
toujours ton cher visage

en noir et blanc.

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