31/03/2015

Vacuité

Du haut de ta sombre vacuité
tu distribues les bons et mauvais points
que t’importent justice et vérité
quand la vie elle-même ne t’est rien.

25/03/2015

On ramasse des dons

Vous apportez des lainages
comme des armes
et des bottes cirées comme autant de gros clous
plantés dans la chair
de vos frères du Donbass.

On ramasse des dons
pour les hyènes et les loups
on s’adonne
aux noirs bataillons,
‘Gloire à l’Ukraine !’ 
est le cri, qui la détruit.

Vous apportez des conserves
comme des fusils
et des gâteaux secs comme autant de cartouches
tirées dans le dos
de vos propres enfants.

On ramasse des dons
pour les troupes nazies
on s’adonne
aux plus sombres démons
‘Gloire à l’Ukraine !’ 
est le cri, qui la détruit.

Vous apportez des bouteilles
comme du poison
et des uniformes comme autant de linceuls,
la mort est votre seul
et terrible cadeau.

On ramasse des dons
pour la guerre infinie
on s’adonne
aux ravages de la haine…
Ah, peuple d’Ukraine !
comment as-tu pu

être aveuglé à ce point ?

19/03/2015

Otto anni

Ubriaco, l’eroe
Gloria all’Ucraina!
alla guida di un blindato
giallo e blu

sotto i cingoli
muore una bambina
otto anni, la madre
agonizza sul selciato.

A Konstantinovka
Donetsk, Donbass
città occupata
dagli eroi ubriachi.

E voi, razza di eroi
Gloria all’Ucraina!
eroicamente
vi scatenate: ben gli stà!

E voi, eroicamente
urlate: ancora!
Ammazziamoli tutti
quei pidocchi russi!

Che ci faceva, eh?
una bambina
con sua madre in strada?
Negli scantinati bui

a morir di fame
e a tremare
devono stare
gli insetti del Donbass!

Fuori, solo i nostri eroi
cingolati
a bere, ammazzare
e a godersi il cielo blu.

05/03/2015

Smartphone

Magique ! dit-il
les yeux rivés à son smartphone,
voici que j’ai le monde entier
au bout des doigts
je peux surfer, cliquer, tchatcher
conter ma vie par le menu
à tant d’amis émus
dix mille d’un coup !
depuis que fébrilement chaque jour
je plonge là-dedans
c’est mon moi
qui est devenu plus grand.

Je reste songeur. Est-ce donc cela ?
Le mythe de Narcisse
encore une fois accompli ?
Comme l’étang trompeur
peut séduire le fat
qui à la surface se penche
mirer sa vaine beauté
ainsi l’écran maudit
captive toute sorte de proies
par des mirages moirés
d’irrésistible langueur
par des sirènes modernes du soi.

Chacun succombe alors
chacun se noie impuissant
dans le simulacre sournois
chacun s’étiole, se perd
et finalement se meurt
son faux sourire figé
comme une statue de cire
que seul secoue parfois
un vague signal zombi
un spasme des circuits.
Narcisse ne peut sortir vivant
de la contemplation de soi.

Loin de l’étang, alors
et vite ! Le monde n’est pas un jeu
de miroirs légers et d’apparences
futiles
le monde est une tempête
le monde est larmes et peur
misère et mort
le monde est une douleur
dans la poitrine
une agonie cruelle
qui invoque chaque jour, qui exige !
nos bras, notre rage et notre secours.