05/06/2013

Taksim

Istanbul se teint de gris
nuages lacrymogènes, gaz tirés par milliers
canons à eau déversant la tempête.
Partout la violence des uniformes
partout nos cris blessés, mais ici nous sommes venus
ici nous restons, debout, accrochés aux arbres de Gezi,
par leur ombre silencieuse protégés.
Taksim, jours de révolte.

Turquie, ta démocratie vantée
n’est qu’un bâton robuste, une main de fer
qui se rêve Sultan. Derrière les cravates
lugubres comme autant de faux sourires
on enrage de reconstruire
la Porte, de mélanger FMI et Coran
dans une potion amère afin de nous l’administrer
de force, et régner.

Projet risible à l’échelle de l’histoire,
terrible à celle de nos vies.
Il nous faudra encore pour le déjouer
cracher les gaz, endurer la prison
suffoquer nos pleurs, oublier nos blessures
nous serrer mille fois autour des arbres de la liberté
à peine apparus et déjà promis
à la scie électrique.

Rude la bataille pour la vie pleine
quand tout est confusion, certains
ayant usurpé le mot même de Frères.
Ne vacillez pas, peuples du Caire
et de Tunis, Istanbul se joint à vous
dans l’air teint de gris, nuages lacrymogènes
gaz tirés par milliers.

Taksim, jours de révolte.

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