Ce dimanche matin
dans les petites rues de Belleville
chacun va seul
l’un les bras ballants
l’autre en courant
qui traînant son caddie
qui sa jeunesse
l’un parle à son chien
l’autre à sa tristesse
qui sait ou à son cancer.
Eté amer.
Certains vont en bande pourtant
les gamins noirs sans vacances
les putes chinoises sans clients
les tunisiens clandestins
sans secours et sans abri
à peine émergés
des cartons de la nuit
leurs chaussures enfilées
comme tous les matins
sous la pluie.
Eté pourri.
Mais aux terrasses des cafés
il y a foule
bavardages et silences
entre petits noirs et croissants
baisers échangés
dans l’indolence du jour férié
par des gens à l’amour facile
heureux d’être amoureux
qui sait
ou juste que l’autre soit là.
Eté sans toi.