21/02/2017

Une illusion de mages

Dans l’acre giboulée
de mots, images et sons
ce torrentiel déluge
d’informations
ne cherche pas, mon frère
la moindre trace du vrai
jamais t’y trouveras
nos durs réveils
nos heures de labeur
nos soirs d’amis
nos mains calleuses
les espoirs trahis.

La propagande ! dis-tu.
C’est bien connu
leur masque de mensonges…
faut l’arracher !
Alors apparaîtront
les hommes brisés
douleur chômage misère
alors éclateront
pustules et vers
les plaies pourries et cachées
du monde
tel que ces gens l’ont fait.

Comme je voudrais, mon frère
croire avec toi
qu’il s’agit là d’un masque
plaqué sur le vivant
qu’il suffirait
d’être bons
et justes et vrais
pour que le masque tombe
pour que surgissent enfin
les vies qu’ils ont volées
et la sueur, les pleurs
notre vieillesse amère, la peur.

Mais pas de masque ici
leur monde de mots, images et sons
n’existe pas
c’est un fantôme
c’est un ailleurs zombie
une illusion de mages
un postmoderne Hadès
c’est un tremblant mirage
l’éteinte étoile
qui renvoie sa morte lumière
depuis le fond obscur
de l’Univers

leur monde
c’est une lévitation
de tristes égo gonflés
c’est une palpitation
de câbles connectés
une invention virale
une construction mentale
c’est une fiction
où il n’y a plus rien, jamais
leur monde
c’est des moulins à vent
qui brassent le néant.

Alors, adieu
écrans bruyants
discours pétaradants
aux vacuités funestes
adieu cent mille fumées sans feu
viens camarade, mon frère
allons aimer souffrir boire
et puis pleurer
notre vieil ami rongé
par trop de mal
dans le silence blanc
d’une chambre d’hôpital.