26/04/2011

Putain de vie

J’ai rien dit
j’ai rien fait
j’ai pas compris
depuis quand
c’est interdit
de fouiller les poubelles
de Franprix ?

Eh ben tu vois
j’en suis là
c’est pas la joie
tous les jours
c’est même la galère
dis donc t’a promis
tu diras rien à ta mère.

Voilà c’était hier
j’avais juste sorti
trois pommes pas pourries
de là-dedans
quand j’entends
une voix derrière moi
 « Laisse tout ça ! ».

Je me retourne
et je te vois
un vigile énorme
planté là
avec des paluches immenses
comme ça
et je te dis pas les bras.

J’ai pas bougé
c’est lui qui a foncé
il m’a arraché les pommes
et en moins que rien
les a écrasées
juste entre ses mains
on aurait dit du raisin.

Je respirais plus
alors Superman
il s’essuie les doigts
sur ma poitrine
puis il fait
« reviens pas la fouine
ou la prochaine fois… »

Putain de vie
saloperie
la prochaine fois quoi ?
il m’a fait tellement peur
avec ses mains
que de toute la journée
j’ai oublié que j’avais faim.

06/04/2011

A bout portant

Cette nuit Volodia
j’ai rêvé de toi
projetant ton corps de géant
et ton visage hurlant
au dessus de Lili’
au dessus des camarades réunis
à l’ombre noire
du désespoir.

Cette nuit
Essenine s’est pendu à un tuyau
dans un hôtel pouilleux
Volodia tu cries
par-dessus la Russie
ses vers d’adieu à un ami
« rien de nouveau dans la mort
ni bien sûr dans la vie »
ou plutôt si
à présent en Union Soviétique
on peut se pendre à l’aide
d’un fil électrique.

Cette nuit Volodia
j’ai rêvé de toi
projetant ton corps de géant
et ton cœur palpitant
contre une balle tirée à bout portant.

05/04/2011

Dans ce fracas

Dans ce fracas
ce tonnerre de bla-bla
que veux-tu qu’ils entendent ?
les cris des plus forts
que veux-tu qu’ils ressentent ?
le frôlement de la mort.

Ils sont là tout petits
face à un destin déjà écrit
s'agiter en mode prison
et le son du canon
leur paraît bien plus rassurant
que l’arrivée du printemps
éclos comme un rêve lointain
au bord du chemin.

04/04/2011

Je veux croire au paradis

Je veux croire au paradis
à la lumière de l’infini
je veux croire aux cieux
à la puissance de Dieu
je veux croire au Père
empêchant ses enfants
de détruire la terre
je veux croire
mais je ne peux pas
c’est sans espoir
nous sommes seuls et perdus
il n’y a jamais eu de salut.

Je veux croire aux hommes bons
à la lumière de la raison
je veux croire aux sages
à la mémoire des âges
je veux croire aux mères
empêchant leurs enfants
de détruire la terre
je veux croire
mais je ne peux pas
c’est sans espoir
nous avons tout perdu
il n’y aura pas de salut.

Pourtant je vis
pourtant je crie
je m’enflamme
je livre mon âme
au désert des dieux
je livre mes mots
au silence des lieux
les yeux rivés dans tes yeux
le poing levé
de colère et de pitié
pourtant
je peux être encore heureux.