20/12/2011

Chanson de la dette

La crise de la dette
c’est l’arnaque parfaite
le casse bénit
des banquiers-bandits
la crise de la dette
c’est le rêve c’est la fête
la crise de la dette
c’est le paradis.

Nous sommes les Rapetout
associés à l’oncle Picsou
pour la grande razzia
dans les caisses des Etats.

C’est trop facile
et si excitant
de voler tout l’argent
avec l’aide de nos amis
les gouvernants
tandis que la police
est occupée
à tenir à carreaux les pauvres gens.
Ecoles ? santé ? retraites ?
logements ?
n’y comptez plus
c’est terminé
on a tellement piqué
il ne vous reste plus
un sou vaillant.

Nous sommes les Rapetout
associés à l’oncle Picsou
pour la grande razzia
dans les caisses des Etats.

Toujours pas compris ?
Pourtant c’est clair:
tout est à nous !
nous avons tout pris
privatisé la mer
le ciel et la terre
une sacrée bonne affaire 
aussi bonne que la guerre
la pollution
les tsunamis
et autres désastres en série.
La dette c’est l’addition
que vous paierez
avec vos vies
jusqu’à la énième génération.

Nous sommes les Rapetout
associés à l’oncle Picsou
pour la grande razzia
dans les caisses des Etats.

La crise de la dette
c’est l’arnaque parfaite
le casse bénit
des banquiers-bandits
la crise de la dette
c’est le rêve c’est la fête
la crise de la dette
c’est le paradis.

Allez trimez peuples à poil
les crocodiles mettent les voiles
aux Iles Caïman.

Crevez tous! Bonne Année !

21/11/2011

Reviens

Reviens.

Rappelle-toi
nous étions inséparables
je vivais
nous vivions tous
par toi
ouvriers
étudiants
pauvres gens
dans nos luttes
nos errements
jusque dans nos prisons
tu étais notre force
notre âme
notre raison
nous les faibles
t’avions confié notre sort
une question
de vie ou de mort

pourtant un jour
tu as disparu
c’était sans doute
dans quelque long silence
de nos joutes
ou au cours
des méandres
de nos tergiversations
je ne sais quand ni comment
nous t’avons laissée
partir
que ce fût
par fatigue ou par inattention
bref
nous t’avons perdue.

Au début
on faisait comme si
tu étais toujours là
puis quelqu’un a compris
impossible de faire sans toi
et la panique nous a pris
depuis
on t’a cherché partout
sans résultat

trente ans plus tard
les ruines
de la vie sans toi
sont ici devant nous
maintenant
on ne tente plus rien
on se laisse emporter
impuissants
vers la fin.

Pourtant
il y a nos enfants
et les enfants de nos enfants
pour eux
il va falloir recommencer
à se battre pied à pied
mais se battre
on ne le peut toujours pas
sans toi.

Comprends-moi bien
il n’est pas question
de discours
de rhétorique
ni même de poésie
non
on a besoin de toi
dans la vraie vie.

Reviens.

Cette fois
on ne va pas te brusquer
ni trop te charger
cette fois
on ne va pas t’abandonner
à la première halte
à la première difficulté
cette fois
on va te garder
comme le bien
le plus précieux

cette fois
c’est promis
on va juste être heureux
de ta présence
je t’en supplie
reviens
Espérance.

17/11/2011

H

Hellènes

Harassés
Hébétés
Humiliés
Harcelés

Huissiers
Hautains
Hypocrites
Hargneux
Hystériques

Hoquet
Hiatus
Haine
Hantise

Hypothèse
Honneur
Hirondelle
H2O

Hypothèque
Hold-up
Handicap
Hors-jeu

Horloge
Hésitante
Histoire
Heure
H        

16/11/2011

La folgore

La folgore
spacca il cielo
come la spada
sventra la storia.

Sul telo lacerato
tracce di fuoco
abbaglio di potenza
senz'altro scopo.

14/11/2011

A la Caisse des Pots

Malheureusement
inutile de tourner autour du pot

Que signifient ces mots
Monsieur le Grand Potier ?

Courage cher Ami
c’est fini, vous êtes ruiné

Ruiné ? Mais comment ?
Hier encore il fallait
que j’emmène à la Caisse
des pots à toute vitesse
où donc sont passées
vos promesses
de fortune
et la lune
qu’on allait décrocher
au bout du quai?

Hélas
personne ne pouvait prévoir
un tableau si noir.
Déconfiture
des pots de confiture
descente aux enfers
des pots de fer
ainsi que des pots de verre
de cristal de terre
quant aux pots de colle
ils sont liquéfiés
les pots de lait évaporés
même les vieux pot-au-feu
ne se portent pas mieux
depuis que certains pots-aux-roses
ont été découverts
comprenez
je n’y peux pas grande chose
et surtout plus vous aider

Très drôle
Monsieur le Grand Empoté
quel beau discours pot-pourri
digne des truands du FMI !
la chute des Pots
est pour moi seul
tandis que la Caisse
et surtout toi
ayant sans doute caché
assez de pots-de-vin
dans vos tiroirs
vous allez vous sortir du pétrin
la bouche en coin.
Ordure !
mais puisque c’est ça
je vais changer de sujet
et passer du pot au pistolet.

Mais que faites-vous ?
Baissez cette arme !
Au fou !
Au secours !

Inutile de tourner autour du pot
t’avais bien raison
Monsieur le Grand Potiron
ruiné pour ruiné
j’aime mieux que tu viennes avec moi
on va aller voir
tous les deux
dans le grand Pot-au-noir
ce cher Lucifer
tu pourras raconter
tes sornettes en enfer
cinq balles pour toi
et la dernière pour moi.

08/11/2011

Fortune

Certains t’appellent
déesse
ceux qui exhibent
tes largesses
à tout vent
comme les fruits
de leurs propres exploits
et ceux qui passent leur temps
à lécher tes doigts
à japper
tels des chiens en détresse
en espérant ramasser
quelques miettes

mais pour moi
tu n’es qu’une pute
l’engeance pourrie
de la triche et du mépris.

Déesse bandée ?
Ta mise en scène
a assez duré.

Aujourd’hui
même les enfants ont compris
que tu n’as aucun bandeau
sur les yeux
comment tu pourrais
à bon escient
donner autant d’or et d’argent
à tes maquereaux
au contraire il te faut
une sacrée bonne vue
pour faire les poches
des gens
et les nettoyer entièrement.

Avec toi
la banque gagne toujours
faux jetons et fausse monnaie
grosses dettes et bas salaires
tes amis
au creux de tes charmes blottis 
s’endorment rassasiés
mais nous dehors à poil
il nous faut encore
supporter
ta voix de fausset haut perché
qui fredonne
ta vieille chanson de traînée 

Mesdames Messieurs
venez tenter votre chance
déposez ici votre temps
votre travail votre santé
déposez votre argent
même en petite monnaie
déposez vos vies
et celles de vos enfants
il y a plein de rêves à gagner
et un paradis perdu
faites vos jeux
nom de dieu
rien ne va plus.

05/11/2011

Dieu ne joue pas aux dés


Dieu ne joue pas aux dés
il n’y a jamais joué.

On a beau fouiller
toutes les courbures
de l’espace-temps
aucun dessin
n’apparaît
ni table de dés
ni présence de Dieu
juste la trace d’un jeu
si l’on veut
si l’on peut
appeler de la sorte
la danse des atomes
attirance répulsion
et inconcevable  fureur
de leurs fusions explosions
façonnant
les milliards de milliards d’étoiles
y compris
les quelques cosmiques débris
dont nous sommes
nous terriennes fourmis
les improbables voyageurs.

Peut-être
qu’en guise de dés
et à défaut d’un dessin
la matière a joué
de plus en plus vite
de plus en plus loin
au jeu des mille formes et couleurs
entre rouges géantes
naines jaunes et brunes
galaxies
comètes flamboyantes
et planètes bleues-vertes-grenats
qui sait
si encore aujourd’hui
la matière ne joue pas
de trous noirs
en blanches fontaines
sur le terrain infini
de ses milliards d’années-lumière
comme au chat et à la souris
contre sa propre entropie.

30/10/2011

Savoir n'est pas comprendre

Savoir n’est pas comprendre
et comprendre n’est pas accepter.

J’ai su par le cœur
mais le cœur est fendu
j’ai compris par la tête
mais la tête est perdue
devant la couleur
de ce splendide matin
impossible d’accepter
l’imminence de rien
je dois arriver quelque part
avant qu’il ne soit trop tard.

Alors j’écris
la bouteille va à la mer
elle se perdra sans doute
mais on ne sait jamais
se brisant dans les vagues
elle laissera peut-être
des morceaux de verre dans la chair
de quelqu’un
un frère, un ami, un inconnu
lui-même égaré
devant les mêmes questions
irrésolues.

Moi aussi
je cherche toujours
dans ce que d’autres ont laissé
le sens de nos jours
et comment faire face à la nuit
je plonge dans le vaste océan
de leurs cris
fulgurances et destins
je les appelle au secours
pour descendre très bas
explorer les recoins
sous-marins du moi.

Ainsi j’ai récolté
mille bouteilles à la mer
de chacune j’ai fait
usage de pleurs et de vertu
agrippé à leurs messages
j’ai su
arriver jusqu’ici
et parfois j’ai compris
comment allumer une torche
dans la nuit.

Mais savoir n’est pas comprendre
et comprendre n’est pas accepter.

20/10/2011

Lise Bonnefous


Lise Bonnefous
je ne connais presque rien de vous.

Notice biographique :
prof de maths
44 ans, célibataire sans enfants

Notice nécrologique :
immolée par le feu
dans la cour du lycée Jean Moulin

Situation géographique :
avenue des Martyrs à Béziers
loin de Tunisie
et soudain si près.

Comme pour Mohammed Bouazizi
personne ne sait
où vous êtes allée chercher
ce mélange de courage
et de folie
si vous avez puisé
dans votre désespoir
intime
dans le trou insondable et noir
de votre vie
ou si comme lui
vous l’avez fait
pour nous
pour sauver notre école
et réveiller le pays.
 
C’est ce que je veux croire.

Mais la France d’aujourd’hui
n’est pas la Tunisie
ici nulle révolte à l’horizon
ici c’est le règne
des faux-culs
des déclarations
sans lendemain
de la résignation
camouflée en dignité
ils vous ont enterrée
dans un cercueil de pitié
pour mieux vous oublier.

Seuls à Béziers
vos collègues et vos élèves
qui vous ont vu brûler
et agoniser
vaguent encore
dans le lycée
entre vitres cassées
et portes défoncées,
chacun marche
et tourne en rond
en questionnant
son âme
désemparée.

Ils cherchent la réponse
mais elle est déjà en eux
dans leur tourment
dans leurs yeux
baissés
dans leur sincérité
à approcher
votre message
et saisir votre mystère
par le respect
le silence
le doute
et la colère.

Lise Bonnefous
leur douleur nous parle toujours de vous.

18/10/2011

Quelle heure est-il?

Sous la botte des loups
à croix gammée
il était minuit
dans nos corps anéantis
dans nos âmes dévastées

puis l’aube réussit
on ne sait comment
à se frayer un passage
de Stalingrad à Berlin
apporter le matin.

Le soleil brillait
sur les ruines du Reich
sur nos sourires joyeux
sur notre travail calleux
pour un monde nouveau

l’après-midi
croyant l’avoir bâti
on a dansé heureux le twist
sous les regards du Che
de Kennedy

ah, on aurait voulu danser
comme à Woodstock
à l’infini
mais le ciel se couvrait
et l’ombre à nouveau guettait

à Prague avec les chars
à Londres avec Thatcher
ce fut le soir, puis la nuit
le triomphe de la dureté
le sommeil de l’esprit.

Trente ans plus tard
le mur est tombé
et l’épicière est partie
mais on dirait qu’il fait toujours
aussi noir et gris.

Quelle heure est-il ?

Parfois on croirait à l’aurore
cette lumière qui vient
des jeunes
des indignés
mais le jour ne suit jamais

partout il demeure caché
par l’injustice
et ailleurs comme ici
la bête immonde
a encore fait des petits.

Je me dis
qu’un génie malveillant
a dû casser la mesure du temps
à la manière des Communards
mais à contre-sens.

Les révoltés de Paris
tiraient sur les horloges
comme sur la tyrannie
pour détruire totalement
les barreaux du présent

alors que ce démon
a arrêté le temps
pour nous garder endormis,
il nous rêve peut-être en prisonniers
de son éternelle nuit.

Quelle heure est-il ?
Au travail camarades
c’est l’heure
de remettre les pendules en marche.

06/10/2011

Quello che succede adesso

Pensaci
a quello che succede adesso.
Ti conviene scappare
andare via di fretta
prima che finisca male.

Vent ‘anni di porcherie
sotto l’ombrello
delle tue tivù
basta, hai capito ?
non ne possiamo più.

Uomo della luna ai gonzi
tu ti sei  stra-impinzato
e il Bel Paese l’hai ridotto
a spazzatura
ci hai rottamato.

Ma la solfa ormai
l’hanno capita tutti
onesti  cornuti e saltabaccati
persino i furbetti del quartierino
quelli che hai aiutati

a non pagare mai le tasse
ognuno ti dice addio
e nessuno ti ha mai votato. 
Sei solo
con i coltelli intorno già affilati.

Pensaci
a quello che succede adesso.
Prima del tuo
ci fu un altro ventennio
che fini’ a Milano a testa in giù.

27/09/2011

J'ai du chagrin mon fils

J’ai du chagrin mon fils
tout comme moi mon père.

Ce sont les hommes mon fils
ils me tracassent toujours

ça fait longtemps mon père
qu’ils tourmentent nos jours.

Que dirais-tu mon fils
si pour l’amour de moi…

je m’incarnais mon père
pour la deuxième fois ?

Je n’ose pas mon fils
ils t’ont si mal traité

pourtant j’irais mon père
si on peut les empêcher

de te trahir mon fils ?
de te livrer à la croix ?

pas de la croix mon père
la peine n’est pas celle-là.

De quoi alors mon fils
faudrait les empêcher ?

de se haïr eux-mêmes mon père
de se haïr en moi d’être mortels

Stop ! Mais c’est quoi ce dialogue ?
Virez-moi tout ça !

Voyez, c’est impossible mon père.
Je n’irai pas.

21/09/2011

Sidou

Tu viens
avec des cartes postales
chercher de quoi payer
quelques heures dans un foyer
la douche surtout
tu ne sais plus
depuis combien de temps tu t’es perdu.

Tu t’assois
à côté de nous
il a suffi d’une poignée de main
pour que tu parles
pour que tes yeux s’animent
et que ton âme revienne
de son trop long silence.

Bonjour Sidou
28 mois à la Santé -la mal nommée-
ta vie enfermée
ta vie cassée
tu la portes toujours en toi
ni ta famille ni tes amis
n’ont pu t’en libérer.

Depuis que t’es sorti
ce sont les nuits sous les buissons
les jours et les mois
de confusion
à avaler des pilules
à vaguer pour te perdre
au fin fond de toi.

Mais un jour dans la rue
sur ton passage
voilà  un matelas
voilà des draps propres
un oreiller
et même un pyjama rayé
le pyjama de tes rêves, à la Louis Jouvet.

Depuis
draps et matelas
au dessus des cartons
chaque nuit tu fais ton lit
et tu te glisses dedans
comme tu faisais à la maison
dans le temps.

A travers tes dents ruinées
un sourire perce
et tes beaux yeux m’interrogent
non, tu ne deviens pas fou
à te préoccuper
de bien faire ton lit
dehors, sous un vague abri.

Oui, matelas draps et pyjama
sont les petits cailloux
semés par la vie
pour te ramener à elle
Sidou
mais le chemin est très long
quand on peut à peine marcher.

04/09/2011

Les mots


Les mots
également
viennent de l’invisible
et vont vers le néant.

Beaucoup ne servent à rien
d’autres ajoutent au tourment
mais certains
pendant un court moment
savent nous consoler
de ce voyage sans raison
et sans réponse
il y en a même
qui peuvent
on ne sait comment
le faire oublier
pour longtemps.

Ces mots-là
sont les dieux du quotidien
comme eux inutiles
devant l’abîme
mais bien plus précieux
pour soulager les plaies
 
si vous les rencontrez
prenez-en soin
chauffez-les en votre sein
ils sont à vous
dans le passage
tant que vous êtes à eux.

27/08/2011

Tout est à faire


Tout est à faire
mais chacun a son idée
commencer par ici
non, plutôt par là-bas
et pourquoi nettoyer ce coin
quand c’est tellement sale plus loin ?

Quant à trouver le bon chemin
on ne sait pas mais on court
comme des fourmis affolées
chercher des issues
en toute direction et surtout
là où il n’y en a jamais eu.

Tu ris. Evidemment
rien de nouveau là-dedans
cela doit faire
quelques millions d’années
que les hommes
s’épuisent à ce ballet.

Comme c’est vrai
quelle vaste folie
de vouloir encore tout changer
sans même savoir où l’on va
mais baisser les bras, mon ami
vaudrait mille fois moins pour moi.

Moi je préfère oublier
que cela ne sert à rien
je veux croire à l’impossible
comme des millions d’anciens
y ont cru, et comme tant d’autres
qui seront là demain.

Avec eux, avec les miens
je veux livrer tous les jours
ce combat désespéré
pour la justice
qui seul
rend les hommes humains.

16/08/2011

Olivi


Olivi
di mille o duemila anni intorno
per caso
per antica volontà.

Tra voi
m’adagio ad aspettare
il ritorno
di un’altra umanità.

Mille o duemila anni,
basterà?

25/07/2011

Ce dimanche matin

Ce dimanche matin
dans les petites rues de Belleville
chacun va seul
l’un les bras ballants
l’autre en courant
qui traînant son caddie
qui sa jeunesse
l’un parle à son chien
l’autre à sa tristesse
qui sait ou à son cancer.

Eté amer.

Certains vont en bande pourtant
les gamins noirs sans vacances
les putes chinoises sans clients
les tunisiens clandestins
sans secours et sans abri
à peine émergés
des cartons de la nuit
leurs chaussures enfilées
comme tous les matins
sous la pluie.

Eté pourri.

Mais aux terrasses des cafés
il y a foule
bavardages et silences
entre petits noirs et croissants
baisers échangés
dans l’indolence du jour férié
par des gens à l’amour facile
heureux d’être amoureux
qui sait
ou juste que l’autre soit là.

Eté sans toi.