27/09/2011

J'ai du chagrin mon fils

J’ai du chagrin mon fils
tout comme moi mon père.

Ce sont les hommes mon fils
ils me tracassent toujours

ça fait longtemps mon père
qu’ils tourmentent nos jours.

Que dirais-tu mon fils
si pour l’amour de moi…

je m’incarnais mon père
pour la deuxième fois ?

Je n’ose pas mon fils
ils t’ont si mal traité

pourtant j’irais mon père
si on peut les empêcher

de te trahir mon fils ?
de te livrer à la croix ?

pas de la croix mon père
la peine n’est pas celle-là.

De quoi alors mon fils
faudrait les empêcher ?

de se haïr eux-mêmes mon père
de se haïr en moi d’être mortels

Stop ! Mais c’est quoi ce dialogue ?
Virez-moi tout ça !

Voyez, c’est impossible mon père.
Je n’irai pas.

21/09/2011

Sidou

Tu viens
avec des cartes postales
chercher de quoi payer
quelques heures dans un foyer
la douche surtout
tu ne sais plus
depuis combien de temps tu t’es perdu.

Tu t’assois
à côté de nous
il a suffi d’une poignée de main
pour que tu parles
pour que tes yeux s’animent
et que ton âme revienne
de son trop long silence.

Bonjour Sidou
28 mois à la Santé -la mal nommée-
ta vie enfermée
ta vie cassée
tu la portes toujours en toi
ni ta famille ni tes amis
n’ont pu t’en libérer.

Depuis que t’es sorti
ce sont les nuits sous les buissons
les jours et les mois
de confusion
à avaler des pilules
à vaguer pour te perdre
au fin fond de toi.

Mais un jour dans la rue
sur ton passage
voilà  un matelas
voilà des draps propres
un oreiller
et même un pyjama rayé
le pyjama de tes rêves, à la Louis Jouvet.

Depuis
draps et matelas
au dessus des cartons
chaque nuit tu fais ton lit
et tu te glisses dedans
comme tu faisais à la maison
dans le temps.

A travers tes dents ruinées
un sourire perce
et tes beaux yeux m’interrogent
non, tu ne deviens pas fou
à te préoccuper
de bien faire ton lit
dehors, sous un vague abri.

Oui, matelas draps et pyjama
sont les petits cailloux
semés par la vie
pour te ramener à elle
Sidou
mais le chemin est très long
quand on peut à peine marcher.

04/09/2011

Les mots


Les mots
également
viennent de l’invisible
et vont vers le néant.

Beaucoup ne servent à rien
d’autres ajoutent au tourment
mais certains
pendant un court moment
savent nous consoler
de ce voyage sans raison
et sans réponse
il y en a même
qui peuvent
on ne sait comment
le faire oublier
pour longtemps.

Ces mots-là
sont les dieux du quotidien
comme eux inutiles
devant l’abîme
mais bien plus précieux
pour soulager les plaies
 
si vous les rencontrez
prenez-en soin
chauffez-les en votre sein
ils sont à vous
dans le passage
tant que vous êtes à eux.