Reviens.
Rappelle-toi
nous étions inséparablesje vivais
nous vivions tous
par toi
ouvriers
étudiants
pauvres gens
dans nos luttes
nos errements
jusque dans nos prisons
tu étais notre force
notre âme
notre raison
nous les faibles
t’avions confié notre sort
une question
de vie ou de mort
pourtant un jour
tu as disparuc’était sans doute
dans quelque long silence
de nos joutes
ou au cours
des méandres
de nos tergiversations
je ne sais quand ni comment
nous t’avons laissée
partir
que ce fût
par fatigue ou par inattention
bref
nous t’avons perdue.
Au début
on faisait comme situ étais toujours là
puis quelqu’un a compris
impossible de faire sans toi
et la panique nous a pris
depuis
on t’a cherché partout
sans résultat
trente ans plus tard
les ruinesde la vie sans toi
sont ici devant nous
maintenant
on ne tente plus rien
on se laisse emporter
impuissants
vers la fin.
Pourtant
il y a nos enfantset les enfants de nos enfants
pour eux
il va falloir recommencer
à se battre pied à pied
mais se battre
on ne le peut toujours pas
sans toi.
Comprends-moi bien
il n’est pas questionde discours
de rhétorique
ni même de poésie
non
on a besoin de toi
dans la vraie vie.
Reviens.
Cette fois
on ne va pas te brusquerni trop te charger
cette fois
on ne va pas t’abandonner
à la première halte
à la première difficulté
cette fois
on va te garder
comme le bien
le plus précieux
cette fois
c’est promison va juste être heureux
de ta présence
je t’en supplie
reviens
Espérance.