27/12/2015

In quegli anni, si'

In quegli anni, si’
noi facemmo sul serio.
Giovinezza smaniosa alla battaglia
anime tese e corpi strapazzati
il comunismo
lo volevamo qui, a denti stretti.

Ma fummo soli,
nessuno c’ha aiutati.
Il tuo Paese stava chiuso in sè
ben lontano da Ottobre e già sull’orlo
del vecchio mondo,
pronto in quello a tuffarsi ed annegare.

Sulla Neva, tu
hai mai pensato a noi?
Forse quando il vento correva lungo
i canali, lo sguardo perso laggiù
ti sarai detto:
che tipi strani! ma chi saranno mai?

Comunisti, si’!
Rossa e ardente gioventù!
Abbandonati dalla parte ovest
della linea di Yalta, quella che voi
rispettavate
fedeli ai patti, alla parola data.

Voi, solamente.
Quelli, caro Volodia
non rispettano niente: nè lealtà
nè verità nè vita, e quando mai?
Loro, ora lo sai
hanno il cannone come solo amico.

Noi perdemmo, si’
poi suicidarono voi.
Addio, giustizia! Umanità, kaputt!
Adesso ovunque regna la miseria
e su ogni terra
soffia di nuovo il vento della guerra.

12/12/2015

Ecrire c'est un combat

Est-ce la Poésie, un refuge ?
Cage dorée, île lointaine, abri
où se cacher tremblant
de ne pas être
(ni âme ni corps vivant)
terrier d’exhalation
pour pestilences fantômes du soi ?

Foutaises ! Je crie : Poètes
hors de vous-mêmes !
Ecrire c’est un combat
le vers épée pointue
le chant comme un poignard tranchant
contre les Erinyes
à tête de serpents.

L’Iliade reste à écrire
de la moderne guerre de Troie
lâches et félons sur scène
Dieux, grands Héros absents
qui chantera la geste dernière
de la voracité meurtrière,
l’humain aveuglement ?

Une Odyssée nouvelle attend
Ulysse fuyant sa terre
au lieu de la quérir
Ulysse n’ayant de rêves
que cauchemars en mer
et des Cyclopes au bout
seul, sans Pénélope, vaincu.

L’Enfer surtout reste à chanter,
avec Satan en force
et pas de Ciel au-dessus !
L’Enfer avant la mort
les diables ici, maintenant :
les autres, chacun, soi
dans les girons du Néant.

07/12/2015

Dans les propres rues de ma ville

Puisque j’aime la musique
puisque je bois de la bière
puisque je rentre du boulot
puisque je prends le métro
puisque j’adore le football
puisque je vis à Paris

je dois mourir criblé de balles
sans même savoir pourquoi

Puisque je fais mes prières
puisque je ne bois pas d’alcool
puisque je n’a pas de boulot
puisque je n’ai jamais pris le métro
puisque j’adore le football
puisque je vis en Syrie

je dois mourir criblé de balles
sans même savoir pourquoi

Puisque je vis à Donetsk
à Kaboul, à San Bernardino
puisque je vis à Ankara
à Beyrouth, à Madrid, à Bamako
puisque je vis en Afrique, en Asie
en Europe, en Russie, aux Etats-Unis

je dois mourir criblé de balles
sans même savoir pourquoi

puisque la folie domine le monde
et que la guerre se répand en tout lieu
ici, là-bas, partout

je dois mourir criblé de balles
dans les propres rues de ma ville
sans même savoir pourquoi.

01/11/2015

Tu volais de Charm à Piter

Tu volais de Charm à Piter
abritant sous tes ailes puissantes
la légère parfumée nostalgie de la mer
la chaleur des heures passés
sur les plages incendiées de soleil
mariage prodigieux du désert et de l’eau

tu volais de Charm à Piter
abritant dans ton ventre d’acier
les traces encore vives du bonheur
un garçon nageant au milieu des poissons
cette femme riant d’un petit rien
un homme silencieux face aux vagues vert-bleu

tu volais de Charm à Piter
abritant dans tes soutes spacieuses
les souvenirs de vacances
ces tendres petites choses qu’on ramène
à ceux que l’on aime
pour partager la joie de ses jours d’insouciance

tu volais de Charm à Piter
abritant quelque part, mais où ?
les traces d’un terrible destin
qui brise le métal, qui brise les vies
qui écrase les parfums et les rêves
dans un horribles amas de débris.

Dans le Sinaï à présent
gisent ces hommes, ces femmes, ces enfants.
Jamais ils ne reverront la Neva
ses rives aux palais enchantés
ses eaux majestueuses et le ciel de Russie
qui s’étend au lointain, infini.

19/10/2015

Luciano, addio

Luciano,
noi siamo qui con il respiro corto
del dolore, attorno al tuo corpo
che il male ha tormentato
spossato e strapazzato, noi siamo qui
ma tu amico mio, fratello, tu dove sei?

Dov’è
il nero tuo sguardo intelligente
dov’è la voce chiara, il luccichio degli occhi
il balenio impetuoso della mente
dov’è il soccorso della tua parola lucida e paziente,
e della mano tesa
dov’è il tuo sorriso grande, malizioso e indulgente
Luciano, amico mio, fratello, dove sei tu?

Come vorrei adesso pensarti sorridente
nel giardino di Eden, ma non posso: come potrei?
Tu non credevi ed io nemmeno
alla consolazione eterna,
solo al cuore umano, troppo umano credevi
quello che batte qui tra i ricordi e il pianto.

Ah, Luciano! Quante emozioni
nei nostri anni insieme
quanti scoppi di risa, progetti, discussioni
utopie di un mondo più giusto, convinzioni
quanti passi a Parigi in ogni dove
quanta voglia di fare
quante ore e giorni e mesi a lavorare
a scrivere, cercare, calcolare
come quanto e perchè
a disegnare curve grafici istogrammi
che ci sembravan vivi e veri
solo perchè eri vivo e vero tu
vero di cuore e vivo, intelligente
ma che non eran niente
che non saranno mai più niente per me
ora che tu non ci sei più.

Addio 
Luciano, amico mio, fratello. Addio.

15/09/2015

Gronde la guerre

Gronde la guerre,
la nuit règnent les bombes
aux vives couleurs d’Occident
le jour sévissent les couteaux
des hyènes au noir drapeau
gronde la guerre
enfants qui agonisent au matin
femmes esclaves d’assassins
cités millénaires rasées
villages dévastés
haut cris des hommes à la hâte jetés
sur les chemins.

Gronde la mer
où ceux qui fuient le malheur et la guerre
se noient
entre une île et une autre île
de la Grèce-misère
gronde la mer
où les canots
sur les sables de Sicile pierreux
vomissent des hommes, des enfants
qui étaient blancs ou noirs de peau
qui sont désormais
des cadavres gris-bleus.

Gronde la terre
sous la course effrénée des migrants
ayant échappé à la guerre, à la mer
qui se ruent
peu importent les murs, les frontières
en avant, en avant !
vers la plaine lointaine
hors d’ici
hissant les enfants au plus haut
des épaules fatiguées
comme autant de drapeaux
tout ce qui leur reste de vie.

Gronde le ciel
où les dieux ont détourné leur regard
de la sombre humaine folie
et le vide
des suprêmes menaces s’est fait
gronde le ciel
sur nos contrées saturées
de misère et de haine, bientôt
les ultimes missiles viendront
transformer
nos soirs lugubres et déments
en l’aube dernière qui précède le néant.

11/09/2015

Disfatta

Tremenda notte
e lugubre mattina
a sole spento.

Si puo’
non chiamarlo: tradimento?
Forse si puo’.

Si puo’
non chiamarla: rovina?
Di certo no.

Nominare la disfatta
si deve
guardare in faccia

il male
potente, truce, immane
a nulla vale

tergiversare.
Alexis, il pugnale
che ti sei fitto

in cuore
ha ucciso te
come uccide noi

alla morte
scampo non c’è
in quell’atroce

chinar la testa
al boia
in quel firmare.

Ora si puo’
ancora dire: domani?
Chissà.

15/08/2015

Tristesse océane

Ténu espoir, tristesse océane
dans les vagues ta main
tellement près de mon âme
toujours trop loin.

21/07/2015

Le mur (pour Alexis Tsipras)

Oui, le mur était haut
devant lequel on t’emmena
les mains liées, les pieds entravés
sauter au-delà comment ?
quand on te mettait
en joue déjà, canons levés
armes prêtes au feu.

Pendant 5 mois t’as résisté,
mais ce mur, ce mur !
Jamais tu n’avais vu
ni imaginé
de mur si grand,
et en vain tu allais cherchant
une aide, une main amie

pour t’y soustraire, non
ils étaient tous contre toi
18 fusils brillants de haine,
compacte et brûlante haie
d’hypocrisie et d’acier.
Signe ! criait la haie
et tu as signé.

Maintenant que l’horreur est accomplie
nous restons les bras ballants
contempler le désastre
et pleurer avec toi.
Que faire d’autre, grandieu ?
Juste peut-être
regarder bien le mur, mesurer

sa démesure
et nous mettre au boulot :
l’attaquer par ici, par là
creuser des trous dedans, les élargir
puis en démolir des bouts entiers
pour qu’un jour on puisse
par millions 

passer enfin de l’autre côté.

28/06/2015

OXI!

Depuis longtemps
ce n’était plus qu’un mot
Démocratie, un mot-valise
un mot creux et pompeux
un simple jeu
jeté à tout bout de champ
par les puissants
à la gueule des gueux
tentés qu’ils seraient
par quelque révolte ou indignation
par quelque bonne et saine
Révolution.

Puis vint Merkel et sa
Démocratie conforme aux marchés 
puis vint Junker et sa
Démocratie soumise aux traités
puis vint Schauble et sa
Démocratie, mon cul !
du coup c’est clair :
esclave sois obéissant
jusqu’à la fin des temps,
à la couche Demos !
si non ta mort est écrite ici
à l’encre rouge sur blanc.

Ah, je préfère !
Voici enfin l’ennemi
à découvert
finis les sourires sournois
en avant haine et mépris
et uniformes de guerre
oui, je préfère !
dans la lumière crue de la bataille
on peut voir l’enjeu
on peut dire NON
au lieu de mourir jour après jour
à petit feu.

Merci Alexis
d’avoir fait sortir le monstre
de sa tanière
d’avoir montré
le vrai visage hideux de Polyphème
merci d’avoir donné à nouveau
son sens perdu
au mot Démocratie
avec toi et ton peuple
au Parthénon comme à Paris
partout nous écrivons:
OXI !

17/06/2015

Tsipras, tiens bon!

Le courage, c’est celui
de ton peuple
tienne, la grande ténacité.

Quand ils disent
payez !
tu réponds : nous payons
depuis
si longtemps
qu’il ne nous reste plus rien

quand ils disent
obéissez !
tu réponds : nous obéissons
depuis
si longtemps
que tout a été détruit

quand ils disent
crevez !
tu réponds : nous mourons
depuis
si longtemps
qu’il nous est impossible de mourir

un mois, un jour, une minute
de plus
maintenant
il nous faut vivre, vivre enfin
vivre absolument!
Le comprenez-vous ?

Ah, ils ne peuvent
ni veulent le comprendre.
Tsipras, tiens bon !

03/06/2015

Alexei Mozgovoi

Nella vita
avevi grandi gesti ardenti
tu il comunista
il militante di giustizia
onestà e pace
tu il poeta di brace
dal verbo alto e sincero
tu l’uomo semplice e fiero
chissà
Alexei
che cosa avresti dato ancora al mondo
se non fossi morto in maggio.

Nella guerra
avevi grandi occhi tristi
tu l’insegnante allegro e mite
costretto al fuoco
tu il difensore delle vite
di chi fu aggredito inerme
tu il comandante
diventato eroe della sua terra
chissà
Alexei
che cosa avresti dato ancora al mondo
se non fossi morto in maggio.

Al funerale
mille pianti di rabbia
e di dolore
ma tu disteso li’
sembravi dire: che?
non state qui a lacrimare
andate piuttosto a prendere
il mio posto
chissà
ch’io possa cosi’
ancora dare questo mio cuore al mondo
come se non fossi morto in maggio.

27/04/2015

D'une bassesse à l'autre

D’une bassesse à l’autre
d’un reniement à l’autre
d’une infamie à l’autre
ah, si au moins c’était
le vieux chemin de la trahison
menant Judas aux Romains
ah, si au moins c’était
le triste baiser
qui envoya Jésus de Nazareth à la croix
et le félon avec ses trente deniers
à un olivier tordu
se balancer de contrition, pendu.

Non, de nos jours
seuls les trahis ont honte et mal
et faim et froid, désespérant de tout
et y compris de soi
pour les Judas modernes trahir
c’est un dévoilement joyeux
c’est naviguer heureux
d’enfin jeter ses masques
dans l’océan
lâchant justice, espoir et vérité
ces vieux accoutrements attrape-nigauds
à l’eau, à l’eau, à l’eau.

Dans l’abandon ravi de tout serment
tient leur destin
libres d’attaches ils vont
vers le festin
corsaires, pirates : voguez !
Là où on leur dit de danser, ils dansent
là on leur dit de tuer, ils tuent
les yeux fixés aux drapeaux
hissés très haut
inextricablement liés
le bleu aux étoiles d’argent et d’or
le noir à la grande tête de mort.

15/04/2015

Valentina Lisitsa

Se dalle tue dita sgorga
fragile, potente
con movimento andante
rapido maestoso
moderato forte allegro appassionato o piano
l’ immortale tocco ardente
del genio umano

se dalle tue dita erompe
e vola, classica di nome
sublime d’emozione
vibrante in ogni dove
la musica di Liszt, Brahms
Beethoven
Schumann o Chopin

chi mai potrebbe Valentina
voler imbavagliare in te
il soffio dei giganti,
chi mai potrebbe
volerti far del male ?

Eppure si’, qualcuno vuole.
Uomini bui all’ombra
della bestia immonda
asserragliati in ranghi stretti
da Kiev fino a Toronto
dilaganti sotto brune bandiere
e pronti

a sputare veleno
sull’anima del mondo
a marciar rabbiosi
contro pace e pietà
a maledire le note cristalline
bruciare libri e spartiti
aprire campi e galere

si’, qualcuno vuole
soffocare come allora
ogni voce diversa
e spegnere del mondo
arte, gioia, bontà, ogni pensiero.

31/03/2015

Vacuité

Du haut de ta sombre vacuité
tu distribues les bons et mauvais points
que t’importent justice et vérité
quand la vie elle-même ne t’est rien.

25/03/2015

On ramasse des dons

Vous apportez des lainages
comme des armes
et des bottes cirées comme autant de gros clous
plantés dans la chair
de vos frères du Donbass.

On ramasse des dons
pour les hyènes et les loups
on s’adonne
aux noirs bataillons,
‘Gloire à l’Ukraine !’ 
est le cri, qui la détruit.

Vous apportez des conserves
comme des fusils
et des gâteaux secs comme autant de cartouches
tirées dans le dos
de vos propres enfants.

On ramasse des dons
pour les troupes nazies
on s’adonne
aux plus sombres démons
‘Gloire à l’Ukraine !’ 
est le cri, qui la détruit.

Vous apportez des bouteilles
comme du poison
et des uniformes comme autant de linceuls,
la mort est votre seul
et terrible cadeau.

On ramasse des dons
pour la guerre infinie
on s’adonne
aux ravages de la haine…
Ah, peuple d’Ukraine !
comment as-tu pu

être aveuglé à ce point ?

19/03/2015

Otto anni

Ubriaco, l’eroe
Gloria all’Ucraina!
alla guida di un blindato
giallo e blu

sotto i cingoli
muore una bambina
otto anni, la madre
agonizza sul selciato.

A Konstantinovka
Donetsk, Donbass
città occupata
dagli eroi ubriachi.

E voi, razza di eroi
Gloria all’Ucraina!
eroicamente
vi scatenate: ben gli stà!

E voi, eroicamente
urlate: ancora!
Ammazziamoli tutti
quei pidocchi russi!

Che ci faceva, eh?
una bambina
con sua madre in strada?
Negli scantinati bui

a morir di fame
e a tremare
devono stare
gli insetti del Donbass!

Fuori, solo i nostri eroi
cingolati
a bere, ammazzare
e a godersi il cielo blu.

05/03/2015

Smartphone

Magique ! dit-il
les yeux rivés à son smartphone,
voici que j’ai le monde entier
au bout des doigts
je peux surfer, cliquer, tchatcher
conter ma vie par le menu
à tant d’amis émus
dix mille d’un coup !
depuis que fébrilement chaque jour
je plonge là-dedans
c’est mon moi
qui est devenu plus grand.

Je reste songeur. Est-ce donc cela ?
Le mythe de Narcisse
encore une fois accompli ?
Comme l’étang trompeur
peut séduire le fat
qui à la surface se penche
mirer sa vaine beauté
ainsi l’écran maudit
captive toute sorte de proies
par des mirages moirés
d’irrésistible langueur
par des sirènes modernes du soi.

Chacun succombe alors
chacun se noie impuissant
dans le simulacre sournois
chacun s’étiole, se perd
et finalement se meurt
son faux sourire figé
comme une statue de cire
que seul secoue parfois
un vague signal zombi
un spasme des circuits.
Narcisse ne peut sortir vivant
de la contemplation de soi.

Loin de l’étang, alors
et vite ! Le monde n’est pas un jeu
de miroirs légers et d’apparences
futiles
le monde est une tempête
le monde est larmes et peur
misère et mort
le monde est une douleur
dans la poitrine
une agonie cruelle
qui invoque chaque jour, qui exige !
nos bras, notre rage et notre secours.

23/01/2015

Un mensonge, puis cent puis mille

Un mensonge, puis cent puis mille
et les bombes ne sont plus des bombes
les obus ne sont plus des obus
dans la neige du Donbass
les vieillards peuvent être abattus
le front transpercé de métal
les mains crispées, la bouche fendue
un mensonge, puis cent puis mille
et les missiles ne sont plus des missiles
les enfants peuvent tomber
aux arrêts des bus
dans les cours d’école sous le feu
éparpillés comme poupées
les yeux grand ouverts sur le ciel
un mensonge, puis cent puis mille
et les canons ne sont plus des canons
la mitraille n’est plus la mitraille
les femmes peuvent mourir de faim
le froid glacé aux entrailles
agoniser sans secours
dans leurs maisons  bombardées
un mensonge puis cent puis mille
et l’Histoire n’est plus l’Histoire
Babi Yar n’a jamais existé
la Shoah par balles est oubliée
occultés les millions de martyrs
le SS Bandera glorifié
l’Allemagne nazie justifiée
les cendres d’Auschwitz flottant
loin du Reich de Mille Ans
un mensonge, puis cent puis mille
et les canons ne sont plus des canons
les obus ne sont plus des obus
l’Histoire n’est plus l’Histoire
et le peuple du Donbass peut être écorché
dépouillé de son âme, de sa terre, de ses gens
de sa mémoire, de son sang.

Camarades,
à quand le châtiment ?

16/01/2015

De l'immonde bête le ventre

De l’immonde bête le ventre
est encore fécond
disais-tu Bertolt, et disais vrai.
Elle était grosse la bête

puis, elle a accouché.
Ses rejetons robustes
gavés de guerres, de meurtres
de haine, de prédation

s’en vont ici hisser la croix gammée
là-bas le noir drapeau
des Fous de Dieu
partout répandre deuil, terreur

désolation, la mère feignant parfois
de les gronder un peu
mais elle en est fière, bien sûr !
ça fait partie du jeu.

Ce que tu appelais, Bertolt
sommeil de la raison
est devenu sa mort, l’entendement
n’est plus, l’esprit gît désormais

dans une grande mare de sang
d’un bout à l’autre du monde
sévissent les bêtes immondes
et rien, plus rien n’est là

pour s’y opposer. Ni grand Poète
ni rouge Révolution ne sont en vue
sans Utopie concrète
l’âme des peuples s’est tue.

13/01/2015

Porc-oh-choco se déguise en Charlie

Il était donc là lui aussi,
Porc-oh-choco
se pomponner parmi les autres guignols
‘Viens dans mes bras’ par ci 
‘Que c’est affreux’ par là

ah, tous ces gens n’ont honte aucune
ni dignité ni humanité
c’est bien à ça qu’on les reconnaît.
La liberté d’expression dans l’Ukraine nazie ?
Voyons voir ça de plus près

Odessa, Maison des Syndicats : 46 morts
Journalistes au travail: 10 morts
Langue russe : interdite
Chaînes russes : interdites
Parti Communiste : interdit
Militants communistes : arrêtés, torturés, assassinés
Autres Opposants : agressés, intimidés
Députés récalcitrants : dans la benne à ordure
Autres récalcitrants : licenciés, menacés, frappés
Statues de Lénine : renversées
Bandera et les Nazis : glorifiés
Histoire : truquée
Elections : truquées
Journaux, Radio, Télés: mensonge et propagande en continu

Et dans le Donbass

4808 morts, des milliers de blessés, 1 million de réfugiés
Donetsk : en ruine
Lougansk : en ruine
Autres villes et villages: en ruine
Economie : dévastée
Ecoles : bombardées
Hôpitaux : bombardés
Usines : bombardées
Centrales électriques : bombardées
Quartiers d’habitation : bombardés
Professeurs : virés
Policiers : virés
Magistrats : virés
Salaires : non versés
Retraites : non versées
Accès aux comptes bancaires : coupé
Eau : coupée
Gaz : coupé
Chauffage : coupé
Aide humanitaire : interdite ou volée
Température extérieure actuelle : - 20 degrés

Porc-oh-choco déguisé en Charlie ?
C’est à pleurer.

12/01/2015

Qui était donc Charlie?

Je suis enfant de Palestine
né en terre occupée
comme mon père et le père de mon père
tous enfants d’un peuple sans patrie
au présent enchaîné
au futur interdit
un peuple humilié, dispersé, morcelé
de murs en prisons
de mépris en barbelés
un peuple sous le joug
maintenu à genoux par un poing très puissant
mais pas un jour ne cessant
de combattre pour se mettre debout

ah, peuple frère de France
la liberté que jamais je n’ai eue
je ne veux pas qu’on y touche chez toi
c’est pourquoi
je partage ta souffrance
oui, ta douleur est la mienne
mien le sang répandu dans tes rues
miennes tes larmes, tes bougies
miens tes crayons au ciel brandis
et ces trois mots que tu affiches en tout lieu
oui moi, l’enfant de trop de cercueils
brûlant du même feu que Paris
je marche et j’écris sur mon front :

JE SUIS CHARLIE.

Puis je lève les yeux et à la tête du deuil 
je vois mon bourreau
il a les mêmes mots, je crie
et mon cœur de battre s’arrête.

Ah, peuple frère de Paris
si je ne puis être Charlie,
qui était donc Charlie ?