Gronde la guerre,
la nuit règnent les bombes
aux vives couleurs d’Occident
le jour sévissent les
couteaux
des hyènes au noir drapeau
gronde la guerre
enfants qui agonisent au
matin
femmes esclaves d’assassins
cités millénaires rasées
villages dévastés
haut cris des hommes à la
hâte jetés
sur les chemins.
Gronde la mer
où ceux qui fuient le malheur
et la guerre
se noient
entre une île et une autre île
de la Grèce-misère
gronde la mer
où les canots
sur les sables de Sicile
pierreux
vomissent des hommes, des
enfants
qui étaient blancs ou noirs
de peau
qui sont désormais
des cadavres gris-bleus.
Gronde la terre
sous la course effrénée des
migrants
ayant échappé à la guerre, à
la mer
qui se ruent
peu importent les murs, les
frontières
en avant, en avant !
vers la plaine lointaine
hors d’ici
hissant les enfants au plus
haut
des épaules fatiguées
comme autant de drapeaux
tout ce qui leur reste de vie.
Gronde le ciel
où les dieux ont détourné
leur regard
de la sombre humaine folie
et le vide
des suprêmes menaces s’est
fait
gronde le ciel
sur nos contrées saturées
de misère et de haine,
bientôt
les ultimes missiles viendront
transformer
nos soirs lugubres et déments
en l’aube dernière qui précède
le néant.